Dans Bernie, Dupontel croasse "Ce qui est embêtant dans les oiseaux, c'est les becs". Dans la démarche protéiforme (peinture, volume, sérigraphie, vidéo...) de Germain Prévost- Alias Ipin- il s'agit de clouer le bec à ceux qui annoncent que les artistes issus du street art n'ont pas de suite sur les murs de leurs idées !
Un parti pris de l'envol plombé autant humoristique qu'onirique ; avec une maturité aux références foisonnantes, il déploie des ailes d'ingéniosité pour nous flanquer ses plumes sur le goudron de nos déboires. Le plasticien "taxidermise" l'attrait anxiogène pour l'effroi en désossant les peurs. Elles s'incarnent souvent à travers le registre animalier, comme si l'humanité n'assumait pas l'étrange sauvagerie en jeu. Par le biais d'assemblages judicieux et d'images "ipinales", il met sous cloche le rêve brisé d'Icare pour approcher la face cachée de la boule qui s'est logée dans nos ventres. Après consultation de l'oracle, les viscères des corbeaux disent que, même si le monde n'est pas tranquille, on y trouve des œufs d'or...
Marika Nanquette-Querette
(VENTILO N•291 / bilan des 10 meilleures expositions de l'année 2011).